Bible Musique Cithare 3 - Le psaume 150
Odile Berthie - C&H 126
Plusieurs titres ont été attribués au psautier. Dans cette présentation, l’un sera particulièrement retenu : celui du Codex Alexandrinus (A) au Vème siècle : psalteriôn. Ce mot évoque un instrument de musique fréquemment utilisé par David et cité parmi ceux qui composent la musique facilement imaginée du psaume 150.
Ce psaume 150 est le dernier de la plupart des psautiers (La TOB a un psaume 151). Il pourrait en être la conclusion (Il serait intéressant de s’attarder sur la composition du psautier mais ceci peut faire l’objet d’une autre étude) mais un autre terme semble plus adapté à le qualifier, celui de doxologie.
Ce mot est défini dans le Dictionnaire Biblique Universel comme « une formule de prières célébrant la gloire de Dieu » (MONLOUBOU L., Du BUIT F., Dictionnaire Biblique Universel, p 184). Autre définition dans le Dictionnaire de la Bible « formule qui rend gloire à Dieu, comme l’indique l’étymologie du mot formé par doxa, gloire, et logos, parole » (Dictionnaire de la Bible et des religions du Livre, BREPOLS, Turnhout, Belgique, 1985, p. 156).
Ce mot évoque donc moins une conclusion qu’une reprise de ce qui a été dit ou fait pour prolonger ce présent dans un futur éternel :« que le nom de Dieu soit béni, depuis toujours et à jamais, à lui la sagesse et la force » Dn 2, 20 et encore «Levez vous, bénissez le Seigneur votre Dieu depuis toujours et pour toujours qu’il soit béni… » Ne 9,5 (Abréviations Ne = Néhémie, Dn = Daniel).
Ce psaume 150 est inclus dans l’Hallêl ( alleluia) final. On nomme ainsi les psaumes 146 à 150 qui eux forment la grande doxologie de ce livre.
Il y aurait beaucoup à dire sur cette composition du livre et sur la place de ce psaume mais dans cet article c’est le psaume 150 qui centralisera notre réflexion.
Sa composition
Psaume bref, seulement six versets. Deux particularités : la répétition du mot LOUEZ sous diverses formes et le mot ALLELUIA qui encadre le psaume.
Versets 1 et 2 : regard vers Dieu
Versets 3 à 5 : orchestre de Sion
Verset 6 : louange
Les versets 1, 2, 6 forment un ensemble qui peut apparaître comme le support du psaume, tandis que les instruments de musique sont détaillés dans les versets 3 à 5.
Racine hll en hébreu
Cette racine est la même pour les mots louez et alleluia.
Ce verbe à l’impératif se trouve dix fois, il est au début des versets 1b à 5 et sous une autre forme au verset 6 « que tout être vivant chante sa louange à Dieu ».
Certains auteurs, tel Marc Girard ont cru pouvoir observer dans cette répétition la valeur d’un certain symbolisme numérique. Par exemple aux versets 1b-2 « on compte quatre emplois de hll, chiffre qui dans à peu près tous les systèmes symboliques évoque la totalité ». Or, « c’est dans ces versets qu’est situé le Dieu transcendant et infini dans son espace cosmico-céleste6 », ajoute-t-il.
Nous retrouvons la même racine hll , louer. Cette racine a donné le mot « Alleluia », qui signifie « louez Yah », yah étant la forme abrégée de YHWH.
Cette racine a quatre-vingt-quatorze emplois dans le psautier sur cent quarante-deux dans l’Ancien Testament. Ceci souligne que la louange a une place importante dans ce livre.
Ce terme ALLELUIA qui encadre les versets du psaume 150 donne le ton du contenu. Tout ne sera que louange, louange égrenée en diverses séquences.
On trouve au verset 1 le lieu de la louange, « dans son temple saint, au ciel de sa puissance », termes qui évoquent déjà une immensité qu’on ne peut mesurer.
Le verset 2 complète à la fois le verset 1 en précisant le motif de cette louange, « pour ses actions éclatantes, selon sa grandeur ». Ceci n’est pas sans évoquer le livre de l’Apocalypse qui célèbre l’éternelle et parfaite liturgie de l’Agneau (Ap (5, 6-14).
Mais qui doit louez, qui loue ? Tous les versets, 1b à 5, ont souligné le devoir de louer… La réponse est au verset 6 « Que tout être vivant chante louange à Dieu ».
Ne nous attardons plus sur la structure de ce psaume mais répondons à la question : comment louer ?
Les instruments de musique
Verset 3 en sonnant le cor, sur la harpe et la cithare
Verset 4 par les cordes, les flûtes, la DANSE, et le tambour
Verset 5 les cymbales sonores, les cymbales triomphantes
Tous les instruments de musique employés alors sont nommés, instruments à vent, à cordes et percussion.
Et tous sont comme résumés par la danse qui semble les fédérer, terme placé au milieu du psaume. On peut résumer ceci par un schéma :

Une ellipse partagée en son milieu par un trait horizontal permet de délimiter deux zones.
D’une part dans la partie supérieure les instruments nommés avant la danse y figurent.
La disposition du chiasme n’est pas celle qu’on attendrait puisque la correspondance des versets n’est pas exactement symétrique. Si nous joignons les chiffres de 1 à 5, nous obtiendrons une sorte de S à l’envers, qui tournoie autour de la danse. Le parallélisme autour du mot danse, place celle-ci en position centrale, comme si elle était le meneur du jeu !
Peut-on en déduire que la danse jouit d’un statut particulier, elle qui, entourée de tous les instruments et aussi avec eux animent la musique, au sens de donner une âme à la musique. La danse implique un être animé qui se déplace au rythme de l’instrument ou de l’orchestre. La danse n’est pas le privilège de l’homme car les animaux peuvent aussi danser.
La danse est donc comme le prélude du verset 6: «que tout ce qui respire loue le Seigneur».
La structure de ces versets obéit à un certain parallélisme, mettant en valeur les instruments, non par leur nom particulier mais par les familles d’instruments auxquels ils appartiennent.
Les instruments nommés dans la partie supérieure, (les versets 3 et 4a) sont au singulier tandis que les instruments de la partie inférieure (les versets 4b et 5) sont au pluriel.
Est-ce pour signifier de manière allégorique que l’orchestre commence sur un ton piano pour s’amplifier et terminer dans un fortissimo7? Cet aspect de force est peutêtre aussi marqué encore par le fait que en B les instruments à cordes sont cités par deux des leurs : harpe et cithare, au son plutôt mélodieux et doux, alors que nous trouvons aussi en C’ deux mentions d’instruments à percussion, les cymbales de l’ovation et les cymbales sonores au son nettement plus percutant et qui sont employés encore de nos jours dans les mesures fortes et souvent finales.
On ne peut conclure ce bref exposé sans souligner combien il n’est qu’un aperçu qui survole l’ampleur et la richesse de la musique dans les psaumes et par ricochet dans l’Ancien Testament.
Et comme il n’est pas de feu d’artifice sans bouquet, la figure suivante sera le bouquet de cet article. C’est une ménorah ! Sur chaque luminaire il y a un instrument de musique et tous les luminaires réunis forment une même lumière tout comme nos musiques de citharistes, débutants ou confirmés, tous tels que nous sommes, nous pouvons nous joindre à la foule des « êtres vivants qui chante louange au Seigneur » comme nous le propose le dernier verset.
