« Joseph, l’homme aux songes »
Béatrice Schilling et Catherine Weidemann
Voilà quelques années que le festival du conte de Munster, en Alsace, intègre dans son programme des racontées bibliques. J’ai été sollicitée pour un récit d’une heure, dimanche 7 octobre 2018 à 18h dans la chapelle Sainte Catherine de Soultzbach.
J’avais préparé un conte d’après les chapitres 37 à 50 du livre de la Genèse : l’histoire de Joseph, fils de Jacob, trahi par ses frères, vendu comme esclave, puis devenu l’homme le plus puissant d’Égypte, après Pharaon. Durant cette racontée d’une heure, avec des temps de silence et de méditation, il était évident que la musique y avait sa place. Plusieurs instruments auraient convenus. Mais j’ai proposé à Catherine Weidemann de faire équipe avec moi.
Les premiers essais avec le psaltérion étaient concluants. Mélodies et paroles se complétaient en parfaite harmonie. Au final, l’instrument de musique et la voix humaine étaient partenaires et ont donné vie au récit. L’histoire a été racontée à trois : la musicienne, l’instrument et la conteuse. Catherine avait cette tâche difficile de me suivre dans mes improvisations, mes changements de ton et de rythme que je réalisais en réponse aux réactions du public, à la qualité de leur écoute. En s’ajustant à mes paroles avec doigté et discrétion, en se laissant porter par ce texte et en donnant libre cours à des improvisations inédites, tout
a pu être dit à travers le psaltérion. La joie, la tristesse, le deuil, l’allégresse, toutes les émotions que Joseph a traversées ont pu s’exprimer avec ce merveilleux instrument.
Ce fut un beau moment !
L’espace de quelques instants, le temps s’est suspendu dans cette petite chapelle ! Et chacun a fait, à l’instar de Joseph un voyage, certes, pas le même que lui, mais un voyage intérieur, par la magie de quelques notes et de quelques paroles. Elles résonnent encore au fond de mon cœur !
Béatrice Schilling
Béatrice ne savait pas que pendant 5-6 ans j’ai fait du conte musical pour de très jeunes enfants avec un instrumentarium Orff, et d’autres contes plus élaborés avec mes collègues d’alors. A ce moment, je ne connaissais pas encore le psaltérion.
Le conte n’est pas un spectacle comme un autre, tout est dans la relation avec le public, ce n’est pas une partition qu’on joue, mais une improvisation sur un thème du début jusqu’à la fin. Seule, la conteuse suit plus facilement son fil intérieur et peut faire intervenir les instruments pour nourrir le texte. Mais à deux…c’est une improvisation à 4 mains et 2 voix, mais avec 2 mains et 1 voix en mode off.
Le talent de conteuse de Béatrice entraîne plus d’un auditeur dans le drame qui se joue. C’était très facile d’improviser sur nos trames de textes et un régal de conter en musique ensemble avec le psaltérion qui possède des qualités très profondes d’enchantement sonore. D’autres occasions se présenteront pour une nouvelle racontée de « Joseph, l’homme aux songes ».
Catherine Weidemann